Rien chez lui qui jouerait à l'artiste ; aucun des signes qui diraient
le peintre : cheveux fous, velours, couleurs voyantes...
Simon C. a le cheveu contrôlé, coupé court, ras, mais pas tondu ; la
vêture est discrète comme celle d'un ouvrier qui s'est changé après le
travail. De la même manière, devant la feuille de papier ou la toile,
après que l'oeil a fouillé le sujet, la gestuelle mesurée fait penser
fortement au travail d'un ajusteur. Et pourtant de tout ceci nous vient
une peinture véhémente.
Simon C. a su se tenir hors de l'imitation naïve et prétentieuse des grands aînés. Il arrive dans la
peinture avec les prémices d'un style personnel. Simon C. dit : « Je suis un oeil ». Ajoutons pour lui... et
une main obéissante et habile.
S'il nous retient ou nous étonne, ce n'est pas au moyen de quelque fantaisie dans le fantastique ou au
mieux dans le surréalisme. Il ne se laisse pas aller à ces tentations, ni à celles du "réalisme socialiste"
qui avait cours au temps de ses ouvriers au travail. Il a su éviter l'art engagé, l'art propagande ; restant
plasticien, coloriste pour montrer la violence des tâches ; les gestes saisis au plus juste.
L'émergence des signes par les gestes du peintre qui ne sont qu'à lui. Les prémices d'un style.
Simon C. va "sur le motif" ; non pas à l'aventure : il y "reconnaît" une disposition, des objets de nature,
des lumières qui sont les siens ; à lui déjà. Il mènera sa toile dans la réalité intérieure.
Sur la toile, non pas la mollesse de la neige qui enrobe toutes choses ; mais l'éclat, la lumière du "jour
désert", les grands ombres bleues... Ou encore la noirceur des sous-bois quand la neige fond.
Les paysages, Simon C. y retrouve des structures ; il en fait un mélange de réalisme et de grands signes
qui sont de lui. Les fragments les plus serrés de nature montent encore de quelques degrés dans
l'abstraction. Les couleurs s'exaltent. Il va vers le bâti, les architectures, pour y confirmer une
géométrie... et vers le feu, le métal en fusion, pour que le pigment de sa peinture vienne à
l'incandescence. Ce sont alors de savants mélanges ; comme une alchimie. Nous trouvons peut-être là
"les transpositions réglées" que DELACROIX réclamait pour sa peinture. Des formes, de grands pas de
couleurs fortes. De la lumière.
À côté des toiles ardentes, tout soudain, la forêt s'assombrit, pareille alors à l'intérieur des "boutiques".
Simon C. est un solitaire, un "taiseux" ?
... une peinture véhémente et peut-être violente, faite par un être doux...
La tâche des hommes. Les usines obscures, à la seule lumière des fours, du cubilot, des feux de forge.
L'incandescence du métal entre les crasses, les "crayats" qui flottent. Des machines archaïques ; les
marteaux-pilons, les presses... toutes les violences sont en elles.
Les usines abandonnées, sous les coups des démolisseurs : un drame. Dans le coin d'un tableau : une
bicyclette, un "vélo Solex".
Simon C. est "de Nunmani" ; il est donc un "crayat". Discret et modeste.
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