L'oeil fouille, l'esprit simplifie, la main exécute et crée.
Après le travail sur le motif, Simon C. se fait peintre d'atelier.
S'il soumet la nature à son ordre, il ne la fige pas. Il y apporte un élan supplémentaire.
La peinture se souvient du geste du dessin. Dans tout ce qui se dit là, il faut bien voir comme "un éloge de la main".
Il ne s'interdit pas de regarder , -avec ferveur-, sans doute - la peinture non figurative qu'on dit "abstraite". Il ne s'y livre
pas. Le pinceau efface le dessin, mais confirme la gestuelle. C'est dessin encore.
Les grands à-plats vibrent sous la couleur. N'allons pas croire qu'elle vient de sortir brute du tube.
Après longue réflexion, il s'accorde de temps en temps une touche de peinture fluo pour la montée d'un brasier.
Tout de même, il aime gratter, superposer, braser, coller peut-être, pour tenter d'aboutir à ses fins.
La figuration même sur les toiles les plus distanciées n'est jamais perdue de vue.
Devant ses hardiesses, ne l'attendons pas bravache ou même espiègle comme sont parfois les peintres qui
"théatralisent" ou cabotinent. Simon C. laisse entrevoir qu'il s'agit d'une expérience : il a essayé sous le pinceau ou le
grattoir.
Afin de pouvoir dessiner en grand format commodément deboit "sur le motif", il s'est fabriqué une sorte de baudrier à
partir d'une ceinture de sécurité - récupérée il va de soi -. C'est l'ingéniosité de ceux qui ont connu la pénurie.
Souvent, dans ses recherches techniques autour de la matière picturale, il s'adonne à la même inventivité à partir de
moyens simples ou pauvres.
Dans ses toiles plus secrètes, il s'attarde sur la masse tombante des mateaux-pilons. Soit la vibration de la couleur, il
en fait des oeuvres distanciées. Semblables aux derniers NYMPHÉAS de MONET.
Longtemps il s'est refusé le luxe de la toile de lin tendue sur le châssis ; n'utilisant que des feuilles d'ISOREL. Il faut le
nommer. Un produit industriel, rigide, ferme sous le pinceau ou le couteau. Il présente toutefois l'avantage d'avoir un
côté lisse et un côté toilé - à choisir -. Il faut peindre vigoureusement là-dessus, le support n'a pas l'élasticité de la toile
tendue.
Simon C. à présent nous dit aimer encore peindre sur ISOREL ; sa fermeté autorise les violences du couteau et permet
tous les grattages.
Attendons d'autres toiles. Regardons la nature. Et retournons voir les travaux de Simon C.
Jean CLERC
Précédent